
Interview COLEVER – Rencontre avec Antoine LEGENDRE, Fondateur & CEO de Freebe
Interview COLEVER – Rencontre avec Antoine LEGENDRE, Fondateur & CEO de Freebe, l’outil de gestion intelligent 100% Freelance
COLEVER est parti à la rencontre d’Antoine LEGENDRE, Fondateur & CEO de Freebe, l’outil de gestion intelligent qui facilite la vie administrative des Freelances. Ce fut un réel plaisir de rencontrer Antoine dans ses locaux. Il nous a fait l’honneur de nous raconter les dessous de la création de Freebe mais également de partager avec nous son amour et sa vision du Freelancing.
- Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Antoine LEGENDRE, Designer spécialisé en UX/UI, plus particulièrement dans le Product Design.
Durant mes études, j’ai réalisé plusieurs stages et c’est à ce moment-là que je me suis mis en Freelance pour pouvoir bloquer des créneaux avec mes clients et commencer à être réellement en Freelancing.
Ensuite, j’ai réalisé un stage de fin d‘études de 6 mois chez Peugeot. J’étais sur la partie graphique des interfaces présentes dans les voitures (IHM).
A la fin, ils m’ont proposés un CDI sur des missions UX, Recherche et Développement pour les voitures autonomes. Mais j’ai refusé le CDI car je ne voulais pas être salarié. Je voulais être indépendant. J’avais déjà une dizaine de clients en simultanée à ce moment-là. J’ai pu négocier un 4/5 en Freelance en tant que sous-traitant Peugeot et ils ont accepté.
- Qu’est-ce qui te plaît dans la vie de Freelance aujourd’hui ?
Le fait d’être indépendant, de gérer son temps, la liberté de gérer ses projets, c’est vraiment ça.
J’ai un peu baigné dedans aussi puisque mon papa était indépendant. Il était dans le bâtiment et il avait ses bureaux à la maison. Ce penchant pour l’indépendance est arrivé par là et parce que je voulais gérer ma propre vie. Je ne voulais pas avoir de patron. Mes premières expériences m’ont confirmées que je devais prendre cette voie. Gérer pleins de projets différents, qui ont du sens et de savoir pourquoi je travaille.
- Aujourd’hui, tu es le CEO de Freebe. Peux-tu nous parler de l’outil ? Pourquoi avoir créer Freebe ?
Je n’avais plus du tout le temps de gérer mon activité de Freelance quand j’ai signé pour la mission chez Peugeot. Je n’avais que le vendredi pour gérer mes clients, ma comptabilité, etc. Au bout de 3 mois, j’étais complètement sous l’eau, je ne savais plus où donner de la tête, je ne pouvais plus répondre au téléphone, etc. J’avais besoin d’un outil qui me permettrait de gérer toute mon activité administrative et qui ne soit pas juste un Excel dans un SaaS avec une couche de design, mais qui soit vraiment un outil de gestion intelligent et dédié aux Freelances.
Ce qui m’ennuyait le plus, c’était de prendre mes dépenses, de les ajouter dans mon Excel, je les récupérais de mon compte en banque et les rajoutais à la main, quand j’avais un client, je devais remplir 14 champs de formulaire et toutes les données étaient devant moi ! Elles étaient connectables mais elles n’étaient pas connectées ensemble.
En plus, tous les outils existants étaient pour TPE/PME où les Freelances devaient utiliser 10% des fonctionnalités et ainsi payer un prix beaucoup trop cher, dans les 80€ par mois, pour un outil qui génère des bilans comptables alors que le micro-entrepreneur ne doit pas en faire par exemple. Donc il n’y avait aucun sens, ça ne parlait pas aux Freelances.
Ce sont des outils hyper compliqués avec des mots hyper complexes, dans le jargon de comptable. C’est ce qui fait la différence de Freebe, on est vraiment parti du besoin de l’utilisateur avant de créer quelque chose.
Freebe est un outil de gestion intelligent à destination des Freelances qui permet de gérer toute leur activité administrative. On s’occupe de tout le cycle de vie d’une mission, des clients et ce jusqu’à la déclaration automatique à l’URSSAF en automatisant tout le process de A à Z.

- Freebe c’est combien de membres dans l’équipe et dans la communauté ?
On est une dizaine d’experts indépendants sur chaque domaine. C’était vraiment une volonté de monter une boîte en remote pour pouvoir travailler avec des gens qui savent pourquoi ils travaillent sur ce produit.
Tous les gens qui travaillent pour Freebe utilisent Freebe au quotidien. Ce n’est pas une condition pour travailler chez Freebe mais c’est quand même très recommandé (rires).
On ne communique pas trop dessus mais on a plusieurs milliers de membres qui utilisent Freebe au quotidien et qui nous envoient des messages d’amour.
- Quel âge a Freebe aujourd’hui ?
Freebe vient de fêter ses 3 bougies.
En fait, on a mis un an de développement et 6 mois de bêta-test en collaboration avec un psychologue, Alan COHEN, basé à Paris, qui nous a aidé à réaliser des tests assez poussés durant 6 mois avant de lancer le produit.
Pour la petite histoire, on a dû pivoter sur une partie deux mois avant le lancement car on s’est aperçu que les gens ne voulaient pas ce qu’on avait fait.
A la base, Freebe était un assistant conversationnel et tu pouvais discuter avec lui pour réaliser des actions. Par exemple, tu pouvais lui dire « est-ce que tu peux m’ajouter un client ? » Il répondait « Ok pas de problèmes, donnes-moi le nom du client », il allait chercher sur internet le nom du client et demandait si c’était le bon, etc. En finalité, pour ajouter un client, il y avait 6 questions et tu m’étais 3 mins donc c’était ridicule (rire) !
A l’époque, j’étais persuadé qu’il fallait un chatbot. Et grâce aux tests, on a confirmé le fait qu’il fallait arrêter d’aller dans les convictions des fondateurs et qu’il faut parler à ses utilisateurs.
Si on avait écouté que moi, on aurait lancé un produit que personne ne voulait. Grâce M. COHEN, qui a réalisé toute la partie recherche, on a pu voir que les gens voulaient plus ce qu’on a aujourd’hui : un assistant personnel qui nous donne l’information quand on veut au bon moment pour gérer sa micro-entreprise. C’est un clic, une action, une réponse, et ça reste hyper fluide.
On a donc lancé le produit le 31 juillet 2018 avec plus de 500 bêta-testeurs qui nous faisaient des retours au quotidien. On l’a vraiment créé avec les utilisateurs.
C’est une des forces de Freebe aujourd’hui : avoir la partie recherche omniprésente. Par rapport à nos concurrents, personne ne fait ça jusqu’à ce point-là avec cette taille d’équipe.
- Comment vois-tu évoluer Freebe sur le long terme ?
Pour l’instant, nous n’avons que les micro-entrepreneurs sur l’outil. On compte ouvrir par la suite à toutes les structures individuelles dans peu de temps.
On va également intégrer beaucoup plus les clients dans Freebe pour faciliter la collaboration. Par exemple, au même titre que dire « on fait Slack » pour suivre un projet. On pourra dire « on fait un Freebe » pour suivre tel projet. Les entreprises auront un compte et pourront retrouver les factures, les devis, le paiement en ligne, etc.
- Comment as-tu vécu le confinement ? Quel impact cela a eu sur ton activité ?
Hyper bien (rires). Je ne culpabilisais pas de rester chez moi à travailler (rires). Je n’avais personne pour me dire « tu ne sors pas, tu ne fais que bosser, sors un peu ». Je faisais des journées de 12h en une, je me levais, je travaillais directement. Je n’ai fait que ça pendant 2 mois et demi.
On a eu très peur au moment du confinement, parce qu’on a autant de photographes de mariages que de designer et de développeurs. Beaucoup de gens ne sont pas passés à l’acte sur Freebe car ils ne savaient pas comment allait se passer leur activité. Donc on a eu un gros ralentissement en mars et avril 2020 et dès mai 2020, l’activité a repris.
Comme tu as pu le voir, beaucoup de gens sont passés en Freelance à cause ou grâce à ce confinement. Énormément de métiers vont aussi se créer en Freelance, ce qui n’était pas le cas avant. Beaucoup de gens disaient qu’ils avaient envie de se lancer en Freelance mais ils n’avaient pas vécu une similarité au Freelancing. Ils voyaient ça comme arrêter leur vie, changer totalement, devenir un roots limite. Avec le confinement, ils ont pu goûter au Freelancing et se sont finalement dit que ce n’était pas si mal et que ça pouvait se gérer.
Pour Freebe, ce n’était pas un gros défi non plus car la moitié de l’équipe travaille déjà en remote.
- Penses-tu que cela va encourager les entreprises à aller vers plus de télétravail ?
Clairement. Tu as une entreprise qui paye 5000€ de bureaux, des salariés qui ne sont pas motivés et restent parce qu’ils veulent faire leurs horaires. Puis, tu t’aperçois qu’ils travaillent 2 fois plus en travaillant de chez eux tout en respectant leur journée de travail.
Je pense qu’il n’y aura pas du total full remote mais je pense qu’il y aura ce côté où on aura une équipe physique au bureau et une équipe plus ou moins en mode Freelance.
Grâce à ce confinement, et aux boîtes qui ont annoncées publiquement passer en full remote, on commence à dire « Freelance, c’est pas mal, vous n’avez peut-être pas tort » alors qu’il y a 6 mois, j’étais un ovni quand je disais que mes équipes étaient en remote !
- C’est quoi une journée type avec Antoine LEGENDRE ?
Il n’y en a pas du tout (rires). La routine m’angoisse à un point inimaginable.
Dans les boîtes où j’ai travaillé, il y avait des pauses à 16h00, c’était l’angoisse. Avec moi, il n’y a aucune journée qui se ressemble, vraiment pas, à part que je travaille 12h par jour !
Mais le fait d’être libre, c’est ce qui me plaît aussi. Si à 16h00 je dois aller chez le coiffeur, je dois partir prendre un train, ou autre je prends le temps qu’il faut. Je ne me mets pas de contraintes. Et comme je travaille suffisamment, j’arrive à tout organiser. Je peux très bien travailler à 5h du matin parce qu’à 18h00 j’aurai un truc à faire.
C’est plus ce que j’ai à faire le lendemain qui va driver à quelle heure je me lève et l’heure à laquelle je termine de travailler.
- Est-ce que tu penses que des entreprises comme COLEVER peuvent aider les indépendants à gagner en visibilité ?
Je pense que les indépendants ne doivent pas être à 100% dans ce type de structure. Cela doit rester un complément. Par exemple, être en direct avec les grands groupes se généralise mais quand on traite des conditions de paiement, c’est important de passer par ces structures.
En revanche, je ne suis pas pour les plateformes de mise en relation en tant que tel. Un Freelance ce n’est pas un objet. Tu ne prends pas à sa tête et à son prix. C’est un peu ça qui me désole car on ne regarde pas les compétences, on ne regarde pas la personne. Je trouve que cela a cassé un peu le marché. Certaines personnes se sont mises en Freelance à très bas prix alors que ce n’est pas comme ça qu’on travaille. Et d’autres qui étaient à 300€ sont passées à 1000€ du jour au lendemain car elles ont eu 3 recommandations sur leurs outils. On ne fait pas une recherche par pricing mais plutôt en fonction de la compétence recherchée.
Je ne suis jamais allé sur ce type de plateforme. Ça fait 8 ans que je suis en freelance et j’ai toujours été recommandé par des gens parce que j’instaure une relation de confiance avec mes clients dès le départ. Je choisis mes projets et pas le contraire.
Mais c’est vrai que quand tu veux travailler avec des grands groupes c’est beaucoup plus simple de collaborer avec une entreprise de mise en relation comme COLEVER.
- Quel est ton motto ou ta philosophie au quotidien ?
Être authentique. C’est ça aussi Freebe, on est authentique, on est proche de nos utilisateurs. On fait un produit pour aider les gens au quotidien. On est tous Freelances et on crée l’outil pour des Freelances. C’est pour cette raison que l’on veut aider les Freelances à mieux gérer leur activité. Nous sommes dans une démarche authentique. Notre objectif n’est pas de faire ce genre de société où son objectif numéro un est de revendre dans 2 ans.
Freebe est une base solide avec des valeurs du Freelancing. Nos utilisateurs sont nos chouchous, ils passent avant tout. C’est grâce à eux qu’on a le produit. Le but était de créer un produit authentique avec des gens authentiques pour faire un produit qui soit simple d’utilisation.
- Quelles sont tes actualités aujourd’hui ?
On a lancé l’application mobile Freebe il y a quelques mois. 90% de nos utilisateurs ne voulaient pas faire leurs documents comptables sur un mobile. C’est pour cela que nous n’avons pas lancé l’application tout de suite. Ce qui ressortait dans les recherches que l’on a faites était l’éventualité de consulter, d’avoir les statistiques, savoir si son client avait payé, et recevoir des notifications.
L’application c’est 95% de la restitution d’information aujourd’hui. Ça te dit où tu en es, ton dashboard avec toutes les statistiques, et tu peux ajouter tes clients directement sur ton téléphone, pour faire le devis plus tard chez toi à tête reposée. Aussi, on peut prendre en photo les justificatifs de dépenses que l’on a au quotidien pour s’enregistrer directement sur Freebe.
Avec l’application, on voulait faire un complément et pas un 2e Freebe et ainsi amener des fonctionnalités que l’on ne peut pas avoir forcément sur le web. En ce moment, on prend tous les retours utilisateurs pour augmenter les features au fur et à mesure.
On a sorti récemment la checklist du Freelance, un livre blanc collaboratif avec plus de 40 articles, avec 30 freelance différents, tous utilisateurs de Freebe. Ils ont tous prêté leur plume pour donner toutes les informations nécessaires quand tu veux être freelance. C’est sur le site et c’est gratuit.
Freebe va s’ouvrir aussi à toutes les structures individuelles dans pas longtemps pour couvrir l’intégralité des statuts freelance. Aujourd’hui, il s’agit uniquement des micro-entreprises. On aurait pu lancer toutes les structures au début, mais on n’aurait pas eu la même qualité que celle que l’on a aujourd’hui.
Aujourd’hui, on a automatisé près de 95% de l’activité de la micro-entreprise, il reste encore des éléments à automatiser. Par exemple, si le micro-entrepreneur s’inscrit en cours d’année, le prorata est pris en compte, quand il passe à la TVA, on lui explique ce qu’il faut faire, et on l’alerte concernant le seuil de dépassement. Donc il y a tout ce système d’automatisation que l’on a aujourd’hui que l’on n’aurait pas pu avoir si on avait lancé toutes les structures en même temps. On a préféré ouvrir par statut pour être le plus qualitatif possible.
- As-tu des conseils à donner aux personnes qui souhaitent sauter le pas de l’indépendance ?
A celui ou celle qui n’est pas encore lancé(e), il ne faut pas hésiter. A partir du moment où ça te titille, c’est que tu ne pourras plus retourner en arrière.
On attend trop d’être parfait pour se lancer : le moment parfait, la solution parfaite. Mais en fait c’est toi qui construis ta propre activité de Freelance. Elle peut être totalement différente entre deux Freelances qui ont commencé en même temps, qui ne sont pas sur le même domaine par exemple. Donc il faut arrêter de dire qu’il ne faut pas se lancer en Freelance si tu as zéro argent de côté, si tu n’as pas de clients ou une opportunité, ou si tu es étudiant(e).
Pour ma part, être étudiant m’a permis de prendre le temps de construire mon offre, de me concentrer sur ce que je voulais faire en Freelance et de ne pas courir après l’argent dès les premières missions.
Enfin, je tiens à préciser que le Freelancing n’est pas fait pour tout le monde, et on l’oublie beaucoup. En 2030, on parle de 50% de la population en Freelance par rapport à la population active. Il ne faut pas que cela aille plus haut. Il doit y en avoir pour tout le monde. Tout le monde n’est pas fait pour être Freelance. Parfois ça ne correspond pas à certaines personnes car elles ont besoin de beaucoup plus de rigueur, plus d’encadrement. Ce n’est pas péjorative d’être salarié(e). C’est juste ta façon d’être et la façon dont tu souhaites gérer ta vie.
Donc il faut juste prendre le temps de bien réfléchir et de bien se renseigner, d’aller parler à des Freelances d’aller voir comment ça se passe dans les détails, plutôt que de se lancer du jour au lendemain dans l’inconnu.
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