
Télétravail : une solution durable ?
Les mois de juillet et d’août sonnent souvent l’heure du bilan de l’année écoulée. 2022 est une année particulièrement atypique, avec près de deux ans de travail à distance qui ont provoqué de nombreux changements au sein des entreprises.
Difficile pour certains salariés d’envisager le « retour » au bureau sans journée de télétravail, difficile pour les autres d’envisager le prolonger. Pour autant les entreprises ont su s’adapter et pourraient pérenniser cette nouvelle façon de travailler selon les affinités de leurs employés. Dans cet article, nous présentons les idées reçues qui peuvent être un frein à cette nouvelle organisation du travail qui pourrait bien se généraliser dans certains secteurs. Décryptage.
La pandémie de COVID-19, point de départ du télétravail
Tous les pays pour lesquels on dispose de données comparables ont enregistré une hausse des taux de télétravail durant la pandémie de COVID-19, hausse dont l’ampleur varie toutefois sensiblement selon les pays. D’après les chiffres de l’OCDE (L’Organisation Internationale de coopération et de développement économiques) en Australie, en France et au Royaume-Uni, 47 % des employés ont télétravaillé pendant les confinements en 2020. Au Japon, qui n’a pas instauré de confinement généralisé, le taux de télétravail est passé de 10 % à 28 % entre décembre 2019 et mai 2020.
Les secteurs de numérique le plus impacté par le télétravail
Les secteurs à forte composante numérique, tels que les services d’information et de communication, les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que les services financiers ont affiché les taux de télétravail les plus élevés pendant la pandémie, plus de 50 % des employés y ayant eu recours en moyenne.
Les grandes entreprises plus préparées au télétravail
Les taux de télétravail durant la pandémie ont été plus élevés dans les grandes entreprises que dans les petites, ce qui reflète une plus faible adoption du numérique dans ces dernières et leur spécialisation dans des activités se prêtant moins au travail à distance.
Les cadres supérieurs majoritairement concernés par le télétravail
Les travailleurs ayant un niveau de qualification élevé étaient plus susceptibles de télétravailler pendant la pandémie. Aux États-Unis, par exemple, le taux de télétravail des personnes titulaires d’un diplôme de master ou d’un doctorat était 15 fois supérieur à celui des employés peu qualifiés.
Les idées reçues à propos du télétravail
Pourtant désormais bien assimilé par l’ensemble des organisations et des entreprises, certaines préoccupations concernant les inconvénients du travail à distance ne cessent de faire surface.
Le télétravail rendrait trop difficile la gestion et la mesure des performances
La plupart des défis managériaux se résolvent grâce à la formation. Former les managers à suivre les projets sans être au contact physique de ses équipes est une pratique qui s’apprend. Pour cela il faut d’abord déconstruire une idée qui persiste dans l’imaginaire collectif, celle que le présentiel et le temps passé au « bureau » est un gage d’efficacité.
Comme le montrent les discussions sur l’adoption de la semaine de 4 jours actuellement en Angleterre ou en Allemagne, le temps passé au travail n’est pas nécessairement l’indicateur le plus précis de la productivité. Les dirigeants d’entreprise, les responsables d’organisation et les managers entrent dans une phase décisive pour réimaginer le travail. Mesurer les performances ne doit pas se concentrer sur le temps mis à disposition par les salariés pour leurs missions mais sur l’efficacité des rendements. Aussi organisé un suivi à distance efficace est à la portée de chaque équipe, et cela passe par l’adoption de nouveaux outils de travail ainsi que de points de communication efficace entre les équipes et les managers.
Le travail en présentiel serait facilitateur d’innovation
On peut croire que l’inspiration, comme la foudre, frappe de manière imprévisible. Mais il existe d’autres moyens de créer des conditions favorables à l’inspiration que de rassembler physiquement tout le monde dans un même lieu pendant des jours et d’espérer créer l’étincelle de génie.
Des séances de brainstorming définies et intentionnelles, avec un ordre du jour structuré, permettent de se concentrer et de développer des idées qui pourraient révolutionner vos projets. Un temps de discussion ouvert avant ou après les réunions virtuelles offre à chacun un accès informel facilité aux dirigeants. Les canaux de communication internes et les forums de discussion comme Slack peuvent servir de couloirs virtuels pour faire jaillir les bonnes idées. Cela permet à tous ceux qui ont des idées de les partager, et pas seulement à ceux qui sont traditionnellement plus écoutés dans l’organisation de faire valoir leur voix.
Les employés les plus engagés seraient ceux qui veulent revenir au bureau
De nombreuses études montrant que les travailleurs à domicile effectuent plus d’heures qu’au bureau suggèrent que non, les employés qui ne souhaitent pas revenir au bureau ne sont pas moins investis que les autres. En réalité, ceux qui ne veulent pas travailler plus ne veulent pas en faire moins, mais souhaitent travailler mieux et plus efficacement.
Se lever tôt pour aller travailler est utile si vous devez parler avec des personnes situées dans un autre fuseau horaire ou si c’est le moment où vous êtes le plus affûté. Mais avoir des horaires flexibles a aussi un but : minimiser la fatigue et les conflits d’horaires.
L’engagement d’un salarié peut être alors sapé si on y ajoute des conditions de travail plus difficiles comme un rallongement du temps de trajet quotidien, une heure de prise de poste trop matinale, des réunions hebdomadaires sans ordre du jour…
Les télétravailleurs, déconnectés des réalités de leurs collègues au bureau ?
Les canaux de communication numériques peuvent compenser une grande partie des rencontres informelles quotidiennes dans les couloirs et la pause-café… Ils sont accessibles à tous, quels que soient le lieu, le statut, la mobilité… Mais ils ne peuvent pas offrir l’immersion totale en 4D de la communication humaine non verbale, et ils ne fonctionnent pas aussi bien pour les nouveaux employés qui n’ont pas de relations établies. Le télétravail ne veut pas dire supprimer tous les moments de rencontres. De fait, si vous accueillez un nouvel employé au sein de votre structure, vous pouvez très bien lui proposer une semaine d’adaptation en présentiel avant de basculer sur un temps de télétravail complet ou partiel.
Le télétravail : privilégié par tous les salariés et tous les collaborateurs ?
La réponse est : Faux ! De nombreux salariés ne tiennent plus. Ils ont besoin de renouer avec les collègues et leur environnement professionnel. Car si le télétravail, que beaucoup ont découvert avec le covid a fait des adeptes, le 100% fait beaucoup moins recette. Selon un sondage Ifop publié début décembre et portant sur les salariés de Paris, ils ne sont que 8% à vouloir travailler exclusivement à distance. Retrouver ses collaborateurs régulièrement et pouvoir échanger IRL* (In real Life) avec ses managers ou clients reste tout de même un moment privilégié et apprécié de beaucoup.
Conclusion : comment tirer avantage du télétravail ?
Dans de nombreux cas, les problèmes cités pour le travail à distance – « présentéisme », inégalité, désengagement, manque de visibilité – existaient déjà avec le modèle classique du présentiel. Le travail à distance, correctement mis en œuvre, est de plus en plus une caractéristique essentielle du choix privilégié par certains candidats. Nous devons simplement apprendre à l’utiliser correctement et nous adapter aux besoins de chacun.
Le télétravail, majoritairement expérimenté par les grandes entreprises, est un avantage considérable pour la recherche de nouveaux talents. La restructuration des besoins et des offres d’emploi permet d’élargir le périmètre de recherche des candidats pour se focaliser notamment sur les compétences brutes sans compromis. Les aspects uniquement pratiques comme la situation géographique ou le fait d’être motorisés ne sont plus désormais des freins à l’embauche. L’avènement du télétravail rebat les cartes de la recherche de nouveaux talents et permet aux entreprises de trouver et de sélectionner sur-mesure des compétences avant de se concentrer sur un profil.